jeudi 19 novembre 2009

Droits de l'homme: Tunis accuse la Belgique de "néocolonialisme primaire"




BRUXELLES, 18 nov 2009 (AFP)

Les autorités tunisiennes ont accusé mercredi la Belgique de "néocolonialisme primaire" après de vertes critiques du régime tunisien en matière de droits de l'homme exprimées la semaine dernière par le chef de la diplomatie belge, Yves Leterme.
Répondant le 10 novembre à une interpellation au Sénat, M. Leterme avait pointé du doigt un "condensé de mauvaises pratiques" lors des élections présidentielle et législatives tunisiennes du 25 octobre.
Absent de Bruxelles ce jour-là, l'ancien Premier ministre, qui a pris les rênes des Affaires étrangères en juillet, avait fait lire sa réponse par le secrétaire d'Etat aux Transports, Etienne Schouppe.
Des propos jugés "peu diplomatiques" par la presse belge. Le ministre déclarait notamment qu'il existait "un fossé réel entre les pétitions de principe" en matière de respect des droits de l'homme du gouvernement tunisien et sa "pratique".
"Le déroulement des élections a une nouvelle fois mis en lumière certains manquements démocratiques dans le système politique tunisien (...): omniprésence du président Ben Ali et de son parti, musellement de l'opposition, accentuation de la répression des voix indépendantes, allégeance des institutions supposées garantir le caractère neutre des élections", énumérait le ministre.
Yves Leterme avait aussi indiqué que les diplomates belges en poste en Tunisie avaient entretenu des contacts avec l'opposition, tant "vassale" que "réelle" et qu'ils "suivaient de près le cas de personnes malmenées par le pouvoir à cause de leur prises de position" durant les élections.
"Nous rejetons énergiquement ces allégations sans aucun lien avec la réalité", écrit l'ambassade tunisienne en Belgique dans une lettre rendue publique mercredi.
"Nous dénonçons une telle attitude inamicale, qui relève franchement d'un néo-colonialisme primaire qui constitue une ingérence flagrante et inadmissible dans les affaires intérieures d'un pays souverain", poursuit la lettre, publiée en intégralité par le journal belge Le Soir sur son site internet.
Une porte-parole du ministère belge des Affaires étrangères a indiqué mercredi à l'AFP que l'ambassadeur de Tunisie serait "reçu au ministère dans l'après-midi", se refusant à tout autre commentaire.